Nous arrivons d'abord à Daylesford. Nous n'avons pas trouvé où dormir alors 10 min avant la fermeture de l'office du tourisme du coin, nous nous pointons là-bas la bouche en cœur. La gentille dame du bureau nous donne 4 pages A4 recto-verso d'endroits où dormir dans le coin. Il n'y a plus qu'à appeler. On trouve une chambre dans un motel de motards. Pas terrible et plutôt cher mais on ne pourra pas faire mieux aujourd'hui. Direction le bar car c'est aussi une brasserie et nous sommes curieux de goûter la bière du coin.

 

Le lendemain nous arrivons chez David Holmgren, à Melliodora dans le village de Hepburn. Je vous laisse découvrir cette visite mémorable ainsi que quelques uns des principes fondamentaux de la permaculture par la même occasion ci dessous. David est à la fois un intellectuel qui fait des recherches, compile les informations et y ajoute sa pensée critique pour en sortir des concepts et des principes généraux très intéressants et un travailleur du bois, un amoureux de la terre et de son abondance, un pratico-pratique qui a construit sa maison et vit avec Sue, une vie presque sans déchet, dans le partage, la sérénité et l'abondance naturelle. Pour une personne de sa stature, il est humble et accessible, il répond volontiers aux questions et accepte même d'être filmé pour une petite interview. Il fait partie de la solution.

 

Nous quittons Melliodora enchantés pour aller rencontre Pat et Meg, qui vivent dans une banlieue résidentielle et ont intégré la permaculture dans leur quotidien. C'est l'occasion d'aller découvrir un autre type d'auto-suffisance, une autre alternative, une solution pour ceux qui ne sont pas en plein milieu d'une campagne fertile. Nous sommes tous de suite accueillis par de grands sourires, il y a du monde à la maison. Je vous laisse découvrir notre expérience ici.

 

Cette visite parachève le déplacement de notre opinion sur la permaculture. A l'origine, nous trouvions le concept intéressant, avec des applications pratiques certes mais pas nécessairement applicables à une échelle professionnelle, ce qui en faisait un frein dans notre esprit. De plus, la permaculture semble attirer en France à la fois des gens très bien et toute une ribambelle de gens qui « savent mieux que tout le monde », se font certifier et se mettent à enseigner sans jamais avoir réellement pratiqué ce concept qui englobe toute une vie, toute une éthique et des principes que seuls l'expérience et la découverte permettent de comprendre dans leur profondeur. On avait, vous l'avez compris, un avis assez peu positif sur ce qu'on en voyait en France (attention, il y des permaculteurs supers en France, ce n'est pas ce qu'on dit!) même si le concept théorique paraissait plutôt bon.

 

En Australie par contre, nous avons rencontré des gens qui la vivent dans son entier, sans en choisir des techniques qui en elles-mêmes ne constituent pas la permaculture. Des personnes qui ont intégré les valeurs de partage, pour qui les techniques employées pouvaient être diverses et variées du moment qu'elles découlent des principes de la permaculture. Ces principes permettent et encouragent l'innovation précisément parce que la permaculture n'est pas un répertoire de techniques mais un guide de conception.

C'est aussi avec surprise que nous découvrons le caractère central et essentiel de l'habitat, ce cœur de la zone 0 en permaculture, construit à nouveau selon ces principes. Nous sommes loin des buttes ou des lasagnes de jardinage. Tout est fait pour répondre à une utilité. Il y a butte ou lasagne dans le cas où c'est nécessaire, pas parce que « la permaculture dit qu'il faut faire des buttes ».

 

Bien sûr avec le temps, l'application de ces principes favorisant l'innovation, on retrouve des techniques communes à ces lieux de permaculture comme par exemple, planter sur les lignes de niveaux les arbres fruitiers, créer des micro-climats ou en tirer parti en tous cas. C'est le fruit de l'observation et de la réflexion favorisés par les fondations de la permaculture. Une découverte intéressante car finalement la permaculture trace un cadre intelligent au sein duquel, chacun à la liberté et la responsabilité de jouer son rôle. Si ce cadre pouvait traverser les frontières et atteindre l'ensemble de l'humanité demain, on serait sauvé. Tout simplement. On verra demain donc.

 

 Pour que vous vous fassiez une idée, retrouvez ci-après une petite présentation de la permaculture basée sur des extraits d'un livret de David Holmgren.


Tout d'abord et le plus important, l'éthique de la permaculture, ses valeurs fondamentales qui précèdent toute réflexions de design :

 

  • Soin de la terre (du sol, des forêt et de l'eau)
  • Soin des humains (de soi-même, de ses proches et de la communauté)
  • Partager justement (limiter la consommation et la reproduction, redistribuer les surplus)

 

De là en découle naturellement une critique de la société moderne « développée » qui ne soutient pas, voir va à l'encontre, de ces valeurs.

 

«Ce même système de pouvoir qui extrait et exploite les moins puissants, apaise le milliard de gens des classes moyennes, la plupart dans l'hémisphère Nord, dans la complaisance avec des coûts bas et même en réduction par rapport au revenu moyen, de la nourriture, de l'énergie et autres biens essentiels. L'échec du marché globalisé à transmettre les signaux de tarissement des ressources et de dégradation de l'environnement a isolé les consommateurs du besoin de développer des façons de vivre plus auto-suffisantes, et désengager la motivation pour des politiques publiques qui auraient pu aider à ces adaptations nécessaires. La marée de biens de consommations nouveaux et pas chers a stimulé la consommation à un point de super-saturation, alors qu'en même temps les mesures sociales et de bien-être ne font que perdre du terrain depuis leur pic dans les années 70.

L'acceptance lâche de la croissance économique à tout prix et les puissants intérêts établis des corporations et des gouvernements, qui ont à perdre dans ce genre de transition, rend claire la nature radicalement politique de l'agenda de la permaculture.» citation tirée du livret Essence of Permaculture de David Holmgren

 

Ensuite les 12 principes fondateurs qui encadrent la réflexion de design de tout projet en permaculture – ils sont accompagnés de proverbe qui visent à prévenir le lecteur :


  1. Observer et interagir – La beauté est dans les yeux de celui qui regarde
  2. Collecter et stocker l'énergie – Faites le foin quand le soleil brille
  3. Obtenir une production – On ne peut pas travailler le ventre vide
  4. Appliquer l'auto-régulation et accepter les retours – Les pêchés du père reposent sur les enfants jusqu'à la septième génération
  5. Utiliser et valoriser les ressources et les services renouvelables– Laisser la nature suivre son chemin
  6. Ne pas produire de déchets – Ne pas gâcher, ne pas vouloir / Une réparation à temps en épargne neuf plus tard.
  7. Concevoir du motif au détail – L'arbre cache la forêt
  8. Intégrer plutôt que séparer – Plus on est de fous, plus le travail est léger
  9. Utiliser des solutions petites et lentes – Le plus gros ils sont, le plus dur ils tombent / Lent et certain gagne la course
  10. Utiliser et valoriser la diversité – Ne mettez pas tous vos œufs dans le même panier
  11. Utiliser les bordures et valoriser le marginal – Ne pensez pas que vous êtes dans le bon chemin juste parce que c'est un chemin très utilisé
  12. Utiliser de façon créative et répondre au changement – Une vision n'est pas voir les choses comme elles sont mais comment elles seront


Bien sûr chaque principe s'explique de façon plus longue afin d'en comprendre l'utilisation.

  

Pour en savoir plus : les livres de David Holmgren sur le sujet


Vidéos réalisées sur le lieu:


Qu'est ce que la permaculture?


Tegasaste - un arbre légumineux intéressant et utile


Diffuser la permaculture dans le monde